[Portrait] En ligne avec Thomas Cheneseau
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Entrepreneurs, créatifs, artistes… des personnalités inspirantes se confient sur leur parcours, leurs projets, et la manière dont la technologie et les réseaux mobiles les accompagnent au quotidien.
Thomas Cheneseau se définit comme un artiste, un commissaire d’exposition et un enseignant. Le smartphone est au cœur de sa démarche artistique depuis 2008, entre détournement, expérimentations et réalité augmentée. Il nous emmène dans les coulisses de ses travaux et inspirations.
Bonjour Thomas. Vous êtes un artiste aux multiples facettes, pouvez-vous nous les présenter ?
Après des études aux Beaux-Arts puis à l’École nationale supérieure des Arts décoratifs de Paris, j’ai pu profiter en 2008 d’une année de recherche sur les médias interactifs et d’un partenariat avec le festival Pocket Films, qui présente des films réalisés avec des smartphones. L’équipe de Benoît Labourdette, initiateur du projet, nous a prêté des téléphones pendant plusieurs mois, j’en ai profité pour mener mes premières recherches et expérimentations digitales mêlant smartphone et réseau 3G. C’était une première pour moi, le champ d’exploration était très vaste ! Je suis ainsi devenu un artiste pluridisciplinaire, qui utilise tous les types de nouveaux médias, en détournant notamment les fonctions et usages du smartphone dans une approche très expérimentale.
Je me suis approprié l’outil jusqu’à réaliser des projets complexes uniquement avec mon téléphone, comme la série photographique #NaturalGlitch 2016-19, accomplie sans post production sur ordinateur.
© Thomas Cheneseau – Série #NaturalGlitch 2016 – 19
Mais ce n’est pas tout !
Je suis commissaire pour des expositions qui mettent en lumière les talents utilisant les nouvelles technologies. J’ai participé, entre autres, à la création du SPAMM, SuPer Art Modern Museum, une exposition en ligne de 100 œuvres par 100 artistes internationaux rencontrés via les réseaux sociaux.
J’ai réalisé l’exposition Unlike, commandée par la DRAC Nouvelle Aquitaine et qui interroge notre rapport au web 2.0 et à ses usages. En 2020, j’ai rassemblé 20 œuvres historiques du mouvement net.art pour les 20 ans de l’association accès(s) cultures électroniques.
J’enseigne également au sein de l’école du design de Nouvelle-Aquitaine, à Poitiers. Je donne des cours autour de l’histoire de l’art et du design, des pratiques digitales avancées comme la réalité augmentée, virtuelle ou mixte, la conception UX, le design génératif, etc. Enfin, je réalise des projets artistiques avec le Laboratoire de design de Nouvelle Aquitaine, comme l’expérience New aesthetics displays exposée en 2021 pour l’événement PiXii au festival Sunny Side of the Doc.
"J’ai beaucoup exploré les possibilités de la réalité augmentée, toujours avec le smartphone pour faire des expérimentations. "
Quels sont vos sujets de prédilection du moment ?
J’ai beaucoup exploré les possibilités de la réalité augmentée, toujours avec le smartphone pour faire des expérimentations. J’utilise des applications comme ZappAR, Adobe aero, ou Artivive, développée par une entreprise autrichienne et utilisée par de nombreux musées et galeries. Vous flashez un contenu imprimé ou un tableau, ce qui lance un affichage spatialisé en réalité augmentée autour de ce contenu. Les possibilités sont très intéressantes pour l’expérience utilisateur/spectateur. Dans le cadre de mes cours, j’ai organisé de nombreuses expositions dans l’espace public avec cette technologie. L’école de design où j’enseigne a récemment développée sa propre application, imaginée sur le modèle d’Artivive. Avec les étudiants, nous allons l’utiliser pour valoriser des œuvres ou des objets via des expériences et des expositions.
En ce moment je travaille aussi beaucoup sur la 3D, toujours avec mon téléphone. Les derniers modèles iPhone sont équipés de capteurs Lidar, destinés aux pros mais dont l’usage va vite se démocratiser, j’en suis sûr. Ce capteur permet de scanner un objet ou un espace en trois dimensions puis de l’exporter dans un logiciel de 3D ou directement en réalité mixte (XR) dans n’importe quel espace. En tant qu’artiste, cet outil fournit un matériau passionnant à travailler.
Votre prochain gros projet ?
Je prépare en binôme avec l’artiste espagnol Néstor Lizalde une exposition au centre d’art ETOPIA à Saragosse, qui se tiendra en novembre 2022. Ce projet est soutenu par la région Nouvelle Aquitaine, la province d’Aragon, le centre d’art ETOPIA et l’association accès(s) – cultures électroniques. J’y présenterai une série de 150 photographies et des grandes parties de paysages des Pyrénées scannés en 3D, exposées en réalité augmentée à l’échelle 1:1. Les captures ont étés faites avec mon smartphone, dont j’ai en partie détourné l’utilisation pour obtenir une esthétique singulière qui fusionne glitch numérique et éléments naturels.
"Je mène un travail artistique en continu à travers mon smartphone connecté qui me permet un élan créatif très fort."
Comment la technologie et les réseaux mobiles vous accompagnent au quotidien ?
Nous avons une relation plutôt fusionnelle ! Je mène un travail artistique en continu à travers mon smartphone connecté qui me permet un élan créatif très fort. Je me tiens au courant de toutes les nouveautés technologiques, j’échange avec de nombreux artistes en ligne, ce sont des rencontres enrichissantes auxquelles je tiens.
Au quotidien, mon smartphone est aussi un compagnon de route. Je m’en sers pour me réveiller, me déplacer, accéder à des services, gagner du temps. J’ai des milliers de photos à l’intérieur, autant de mon travail que de ma vie amicale et familiale. Je pense que c’est le cas pour presque tout le monde. D’ailleurs, pendant mes cours, je le ressens, quand on prend le téléphone de quelqu’un pour tester un projet, on touche à son intimité, à quelque chose d’invisible qui lui appartient. Une telle proximité est à la fois passionnante et troublante.
Les trois applis que vous utilisez le plus au quotidien ?
Depuis plusieurs mois, toute mon attention est sur Discord pour utiliser Midjourney, une intelligence artificielle qui génère de l’image à partir de prompts (commande de texte). L’IA est un véritable tournant pour tous les champs de production en design, et j’explore quotidiennement ce nouvel horizon. Instagram, pour y glaner des références, suivre ce qu’il s’y passe. J’ai beau être très critique sur ce réseau social, cela m’absorbe beaucoup. J’utilise enfin régulièrement Glitché, une application de référence en image glitch qui permet de produire des photos et des vidéos en HD.
Expérimenter, faire vivre des expériences hors du commun, favoriser les interactions, créer de nouveaux liens… sont autant de possibilités offertes par la fiabilité des réseaux mobiles. Complémentaires, les réseaux 4G et 5G de Bouygues Telecom vous accompagnent partout où vous en avez besoin, dans les grandes villes comme dans les petits villages, à la plage ou à la campagne.