10 conseils pour prévenir le cyberharcèlement
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Dès le collège, parfois plus tôt, votre enfant risque d’être confronté au cyberharcèlement. Comment prévenir ce risque et le préparer à adopter les bons réflexes ?
Selon le ministère de l’Éducation nationale, 40% des élèves indiquent avoir été victimes d’un acte de cyberharcèlement.
Alors que les premiers pas sur Internet surviennent de plus en plus tôt (à l’âge de 9 ans en moyenne), comment prévenir le danger et faire en sorte que votre enfant vous alerte s’il en est victime ? Voici dix conseils préventifs pour éduquer les plus jeunes sur ce sujet difficile.
1 – Sensibilisez votre enfant au sujet du harcèlement et du cyberharcèlement
Expliquez-lui ce que c’est, parlez-lui d’exemples entendus ou vus aux informations, ou constatés autour de vous.
👉 Lire notre article dédié, qu’est-ce que le cyberharcèlement ?
2 – Demandez lui s’il a déjà entendu parler ou connu des cas de comportements inappropriés en ligne
A-t-il lui-même déjà été victime ou témoin ? La situation a-t-elle été signalée ? Ainsi, vous découvrirez peut-être des situations qui doivent être dénoncées, et pourrez expliquer à votre enfant, comment agir, comment il aurait peut s’y prendre pour le faire
3 – Expliquez-lui la différence entre une blague et du harcèlement
Si la personne visée se sent mal, cela doit cesser. Parlez des effets possibles du cyberharcèlement : la personne peut se sentir très mal non seulement émotionnellement mais mentalement et physiquement (perte de sommeil) et les effets peuvent être durables.
Une blague va être généralement ponctuel ou s’arrêter assez rapidement, à la différence d’un harcèlement qui peut s’étendre dans le temps. La différence entre les deux est souvent mince d’où la nécessité de la part des parents de bien l’expliquer aux plus jeunes.
4 – Inculquez à votre enfant les réflexes à avoir en cas de cyberharcèlement
Qu’il n’ait pas peur d’appeler à l’aide et qu’il ne cherche pas à alimenter le harcèlement en y répondant. En effet, même si cela est tentant, à partir du moment où l’on identifie que la conversation ressemble à du harcèlement il vaut mieux ne pas répondre mais conserver les preuves : garder les messages, faire des captures d’écran et les montrer à un adulte de confiance.
Vous pouvez aussi contacter le numéro Net Ecoute 0800 200 000, géré par l’association E-Enfance, en plus de ce numéro, une application mobile 3018 est également disponible sur Android et sur l’App store.
5 – Adapter votre approche au cas précis de votre enfant
Si l’âge moyen pour les premiers pas sur Internet, est aujourd’hui de 9 ans, résistez à la pression sociale et estimez ce qui est bon dans le cas précis de votre enfant. Si vous le jugez suffisamment mûr affectivement pour utiliser Internet seul, si vous estimez que vous êtes suffisamment disponible pour le surveiller et écouter ses questions lorsqu’il en a besoin, si vous sentez qu’il vous parle ouvertement des problèmes qu’il peut rencontrer, alors le moment est peut-être venu de lui créer son compte sur un réseau social.
6 – Apprenez à votre enfant les mesures de sécurité de base ou comment protéger ses comptes du piratage
Expliquez-lui pourquoi et comment on définit un mot de passe complexe (majuscules, minuscules, chiffres et caractères spéciaux), différents d’un réseau à l’autre, et pourquoi il ne faut pas partager ses identifiants ni les exposer à la vue de tous. Si l’enfant est jeune, il est judicieux de conserver, pour lui, ses mots de passe, ou d’y avoir accès en cas de problème. Apprenez-lui aussi l’utilisation des réglages de confidentialité, pour limiter l’audience pouvant accéder aux contenus.
Sur Facebook par exemple, montrez-lui comment publier par défaut uniquement à un cercle d’amis choisis, sans que les autres utilisateurs puissent voir les publications. Expliquez pourquoi cela pourrait poser problème : prenez l’exemple d’une des publications et expliquez que les données pourraient être utilisées avec de mauvaises intentions – par exemple, les données de localisation.
👉 A découvrir aussi notre dossier sur la parentalité numérique.
7 – Soulignez les risques d’une publication en ligne
Les contenus postés ne peuvent pas toujours être effacés : une fois publiée, une information échappe au contrôle de l’utilisateur. La plupart du temps on peut l’effacer soi-même ou demander son effacement, mais si d’autres utilisateurs ont de mauvaises intentions, ils peuvent la copier et la republier ailleurs. Apprenez à votre enfant à réfléchir avant de poster : que penseraient ses amis, ses parents du post qu’il s’apprête à faire ? Les informations sont-elles trop privées ? Font-elles du tort à un autre enfant, peuvent-elles causer de la peine à quelqu’un ?
8 – Apprenez lui le discernement et l’esprit critique face au virtuel
Ce que je lis est-il vrai ou faux, le contenu peut-il avoir été déformé ? Qu’il sache que les contenus postés ne sont pas toujours vrais : sensibilisez votre enfant aux fake news. Montrez-lui qu’une photo peut être retouchée, qu’une parole peut être déformée ou sembler vouloir dire autre chose une fois sortie de son contexte.
Il est aussi important de mettre en garde contre la facilité avec laquelle on adhère à l’opinion d’un groupe : sur Internet, il est facile d’être influencé par une opinion générale, qui semble être universelle si elle obtient beaucoup de likes, mais qui n’est peut-être pas vraie, ou peut-être pas la vérité. Par exemple, il n’existe pas qu’une forme unique de beauté ou qu’un seul type de personnalité séduisante : il faut savoir apprécier la différence sous ses diverses formes et que celle-ci ne doit jamais justifier un rejet ou une exclusion.
9 – Inculquez à votre enfant des valeurs, l’empathie et la confiance en soi
Apprenez-lui à rester fidèle à ses valeurs : il ne faut écrire en ligne que ce que l’on serait capable de dire en face à face. Le monde virtuel est une extension du monde physique : on peut avoir tendance à se cacher derrière un écran ou un pseudo en se croyant protégé par l’anonymat, ou encore penser qu’une insulte fait moins mal à une personne qu’on ne voit pas. C’est une illusion : chacun est responsable de ses actes, y compris sur Internet.Il ne faut pas oublier que votre enfant peut risquer d’être victime mais aussi témoin voire acteur du cyberharcèlement : apprenez-lui à se mettre à la place de l’autre et à se demander, s’il était ciblé par tel ou tel message, s’il se sentirait triste ou en colère.
Apprenez-lui à parler s’il est témoin d’une souffrance : savoir demander à l’agresseur de cesser s’il s’agit d’un proche, et parler à un adulte de confiance si le problème ne cesse pas. Il est aussi bon de développer la confiance en soi de votre enfant pour le rendre moins vulnérable s’il devait se retrouver un jour ciblé par des attaques en ligne.
10 – Surveillez l’utilisation des réseaux sociaux de votre enfant et parlez-en avec lui
Savez-vous ce que fait votre enfant sur les réseaux ? Comme pour les autres domaines de la vie, une conversation quotidienne sur ce que l’enfant a fait ou vu sur les réseaux sociaux peut permettre de faire émerger d’éventuelles questions ou inquiétudes. Vous décèlerez peut-être des sujets qui lui paraissent inoffensifs mais que vous jugerez bon de surveiller spécifiquement, ou qui nécessitent une explication de votre part.
Tenez-vous disponible pour écouter : il est important d’être identifié comme une aide immédiatement disponible en cas de problème. Les parents sont la première source d’aide en cas de cyberharcèlement (60%), devant les enseignants et les camarades. Si votre enfant craint de ne pas pouvoir vous parler ou de ne pas obtenir une aide appropriée, il risque de s’isoler. Surtout, rassurez-le pour éviter de couper le dialogue : vous n’allez pas vous fâcher en cas d’incident, ni forcément couper l’accès aux réseaux sociaux. Cela pourrait être une crainte poussant l’enfant à ne pas vous parler, et ce ne serait pas la solution et risquerait de l’isoler davantage.
Internet est une part indéniable de nos vies modernes ; l’éducation à son utilisation est donc primordiale pour les plus jeunes. Pour éviter que les enfants ne deviennent victimes, témoins ou agresseurs dans le cadre du cyberharcèlement, la parole et l’exemple sont les moyens les plus sûrs.